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Journal désenchanté
15 octobre 2007

Lewis.

Peu après la rentrée, j’ai rencontré à l’école l’autre élève qui avait passé tout l’été avec moi aux Etats-Unis. Ca faisait un peu bizarre de le revoir là, dans un contexte différent. On a échangé quelques mots, et je l’ai croisé quelques autre fois, mais nous n’avons pas vraiment eu le temps de parler.

Lewis, l’Américain qui m’avait hébergé, vient tous les ans en voyage en France. Cette année, après une dizaine de jours passés à Montpellier et dans d’autres villes de province, il est venu à Paris pour quelques jours. Il m’avait laissé un message sur mon téléphone en arrivant, et on s’est revu un midi. Je lui avais donné rendez-vous devant mon école, à Paris. Il portait un K-way multicolore, un sac à dos et une casquette « Tour de France », ce qui, avec son plan de Paris à la main, lui donnait vraiment un air de touriste. Nous sommes allés mangés au Bouillon Racine, un restaurant que m’avait conseillé ma mère.

Je l’ai alors invité à dîner chez moi, deux jours plus tard. Ma mère avait préparé un bon repas, et elle a parlé sans arrêt, comme à son habitude, en assaillant Lewis de questions. Elle aime bien poser des tas de questions aux gens pour connaître leur vie, même si parfois, ça ne se fait pas trop. A un moment où ma mère est partie chercher du persil dehors, Lewis me dit qu’elle a beaucoup d’énergie. C’est vrai que c’est l’impression qu’elle donne, mais ça n’est qu’une facette du personnage. L’autre côté n’est vraiment pas aussi plaisant. Je me demande si les gens, en face de quelqu’un comme ça, qui n’en voient qu’aspect, peuvent l’imaginer. Probablement pas.

La discussion se faisait entièrement en français, Lewis ayant un niveau plus qu’honorable dans cette langue, surtout pour un Américain. Il avait été dans une université de liberal arts quand il était jeune mais ensuite, il avait suivi une formation pour être dans le commercial.
Il a parfois des problèmes pour comprendre quand les gens parlent vite en français et, au cours de la discussion, j’ai relevé quelques contresens. Ne vous est-il jamais arrivé de regarder des gens discuter et de vous rendre compte, à un moment donné, qu’ils ne parlent pas de la même chose, sans qu’aucun des deux ne s’en rende compte ?
Il a une fois de plus raconté l’histoire où, après mon arrivée aux Etats-Unis, j’avais peu récupéré du décalage horaire et, en allant rendre visite à sa prof de français, j’avais été sur le point de m’endormir. Il avait déjà parlé de ça des dizaines de fois en diverses occasions, je ne sais pas pourquoi. Il répète parfois des choses sans intérêt. Le monde se divise en deux : ceux qui meublent les conversations en racontant tout le temps la même chose, et ceux qui meublent la conversation en posant plein de questions.
A la fin du repas, ma mère a offert à Lewis un petit stylo à bille, et un beau livre sur des boutiques pittoresques de Paris. Il avait l’air content, et lui a même fait la bise, ce qui, aux Etats-Unis, ne se fait pas couramment.

Lewis est rentré chez lui depuis quelques jours. Aujourd’hui, j’ai reçu un courrier électronique de lui au moment où je m’apprêtais à lui en envoyer un. Il écrivait qu’il nous remerciait encore une fois pour les cadeaux et cette bonne soirée. Ma mère m’a demandé s’il disait ça parce qu’il le pensait vraiment, ou si c’était juste pour être poli. Je lui ai répondu que c’était sans doute un peu des deux.

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