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Journal désenchanté
21 octobre 2007

"La Jetée" de Chris Marker

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La Jetée

Un photo-roman de Chris Marker (France, 1962)
Avec Hélène Chatelain, Davos Hanich
Narrateur : Jean Negroni

« Ceci est l’histoire d’un homme marqué par une image d’enfance.

La scène qui le troubla par sa violence, et dont il ne devait comprendre que beaucoup plus tard la signification, eut lieu sur la grande Jetée d’Orly quelques années avant le début de la Troisième Guerre Mondiale.
»

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C’est par ces mots que commencent La Jetée. Après la destruction de Paris, les survivants se terrent dans des sous-sols. Un prisonnier est choisi, en raison de l’image qui n’a cessé de l'obséder, comme cobaye pour une expérience de voyage dans le temps. C’est alors qu’il retrouve, dans le passé, la jeune femme dont le visage hantait ses souvenirs…

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La Jetée s’inspire de Sueurs froides d’Alfred Hitchcock et a fourni la base de L’Armée des douze singes, de Terry Gilliam. C’est un film étrange et singulier, radical et troublant, d’à peine une demi-heure et composé uniquement d’images fixes (sauf une !) ; photos noir et blanc sur lesquelles se fait entendre le commentaire monocorde du narrateur et, en fond sonore, quelques bruits : battements de cœur, chuchotements inquiétants…

La_Jet_e___m_chant

L’apparente austérité du début de l’histoire et la simplicité de la forme s’opposent à la beauté des images et à la profondeur du propos. Ce voyage dans le temps évoque une plongée dans la mémoire : ces images fixes ne font-elles pas penser à des flashs de souvenirs ? A l’oppression des couloirs sombres du présent succèdent les quelques moments heureux du passé, le « temps de paix », une échappatoire pour l’homme, cloué sur sa chaise. Car c’est aussi une histoire d’amour. Et celle d'un bonheur fugace, qu’on cherche à atteindre,  dans lequel on veut se réfugier, sans le pouvoir. « Il comprit qu’on ne s’évadait pas du temps. » rappelle le narrateur, juste avant une fin à la fois triste et surprenante par sa force symbolique.

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Film rare, La Jetée pourrait n’apparaître que comme un exercice de style. Il n’en demeure pas moins l’un des plus grands films de science-fiction de l’histoire du cinéma.

La_Jet_e___fin

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