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Journal désenchanté

16 août 2016

Eternel recommencement… ? (Bis repetita placent)

Plus ça change, plus c'est pareil (ou réciproquement).

J'ai relu, il y a quelques mois, de nombreux messages de ce blog, que j'ai créé il y a dix ans de cela maintenant (comme le temps passe vite). J'en ai beaucoup aimé la forme et le fond, le ton que cela dégageait, en particulier le mélange de spleen et d'ironie désabusée qui imprégnait de nombreux messages, en fil conducteur. Si je cite cela, c'est parce que, au tout début du blog, je me souviens les avoir détestés ; je trouvais que tout cela était si mauvais que j'avais fait un important dégraissage, supprimant plusieurs passages (voire des messages entiers) dont je ne me souviens plus la teneur exacte.

Le fait que je les apprécie davantage aujourd'hui est peut-être le signe d'un léger mieux, même si tout n'est pas résolu. Des années ont passé et j'ai été frappé de constater que, quelle que soit la tournure que puissent avoir pris les événements (ou devrais-je plutôt dire les non événements) de ma vie, les sensations par lesquelles je suis passés, il n'en demeure pas moins que c'est toujours la même toile de fond qui sous-tend qui colore l'intégralité des messages, tel un prisme à travers lequel je vois le monde.

Revient souvent, de manière lancinante (je l'ai encore une fois répété dans mon dernier message) l'idée que je veux écrire et que je n'y arrive pas vraiment, que je me promets de mettre ce blog à jour et que je le repousse aux calendes grecques, comme si l'envie était sans cesse retenue par une sorte de paresse, d'absence de volonté qui semblait se résumer en ces mots : « à quoi bon ? ».

Même le titre de ce billet « éternel recommencement », est celui d'un autre que j'avais déjà publié il y a plusieurs années. Je ne m'en souvenais pas, et c'est seulement après avoir commencé à écrire ce nouveau message que je m'en suis rendu compte. La structure de la pensée ne change pas. Seul le point d'interrogation qui suit ce nouveau titre marque une différence, comme pour montrer qu'un léger changement est tout de même là — là sans être là — dans les interstices : modification microscopique, trace légère, promesse à concrétiser…

Revenait aussi, sans cesse, cette bizarre sensation d'inadaptation, d'impossibilité d'interagir avec le monde qui m'entourait, cette impression d'être là sans être là, pas à ma place, tel un zombie. Dans le cadre des études, j'avais en partie mis cela sur le compte du secteur d'activité qui ne m'intéressait pas, et que, de ce fait, je n'avais pas vraiment de motivation à étudier, à m'impliquer, à me projeter dans quoi que ce soit. Durant mes stages en école d'ingénieur, le sentiment de ne pas être à la hauteur, de partir d'avance perdant n'avait fait que me ralentir dans mon travail et me tirer vers le bas.
Je m'étais dit que tout cela allait s'arrêter lors de ma formation actuelle, d'une part parce que le domaine me plaisait davantage, d'autre part parce que le fait d'être resté si longtemps sans rien faire allait se révéler comme un électrochoc qui me pousserait à apprécier davantage les nouvelles opportunités qui s'offriraient à moi. C'était vrai, en un sens : les cours ne m'ont pas déplu ; pour la première fois depuis longtemps j'avais l'impression de comprendre quelque chose à ce que j'apprenais, que je pouvais un peu plus me projeter dans cet univers, que j'allais être content de travailler durant mon stage. Ce fut le cas, dans une certaine mesure ; mais très vite, les vieux travers commencèrent plus ou moins à me reprendre et je me retrouvai, pour des raisons un peu différentes, dans ce même état d'esprit que je pensais avoir réussi à quitter.

Le stage que je fais actuellement, comme je l'ai déjà dit, m'a été donné par une connaissance, ce qui fait que le besoin de ma présence reste encore à démontrer. Alors que je n'ai jamais travaillé dans ce secteur d'activité, que je n'ai jamais mis en place les choses que j'ai apprises de façon théorique au cours de ma formation, alors même que je ne suis pas vraiment encadré, je dois réaliser une mission dont les contours sont peu clairs et les enjeux incertains. Je ne suis pas vraiment lié aux autres personnes, (même s'ils sont tous sympathiques et font preuve de sollicitude à mon égard) on ne me demande rien et je dois tout créer par moi-même alors que je n'ai presque pas de documents, que je ne sens pas une vraie volonté de changer les choses. Aussi, l'enthousiasme que j'aurais pu avoir au début a-t-il rapidement été douché, et je passe le plus clair de mon temps à ne pas faire grand-chose (voire rien faire du tout), comme incapable de me motiver, attendant comme d'habitude le seuil critique pour faire un tant soit peu quelque chose. Oh, bien sûr, j'arriverai à retomber sur mes pieds, comme je le fais toujours, mais tout ceci ne contribue pas à me redonner vraiment confiance en moi, évidemment. J'ai une fois de plus, d'une certaine façon, l'impression d'être entre deux eaux, très diplômé mais étant payé le minimum, devant faire une thèse professionnelle avec un statut de stagiaire, censé apporter quelque chose à l'entreprise tout en sachant très bien que ça ne sera pas le cas, âgé de trente-et-un ans mais n'ayant jamais vraiment travaillé en entreprise, avoir des compétences censées donner un certain niveau mais donner l'impression de tâtonner et de chercher ses marques ; les deux extrêmes à la fois, tiraillé entre deux états dont aucun des deux n'est tout à fait moi…
Etant parti, pour cette mission, d'un flou total, j'en ai découvert petit à petit les contours, les possibilités, mais avec une infinie lenteur, n'arrivant pas vraiment à m'y mettre, ayant toujours peur de déranger les gens, coupable de ne pas faire grand-chose, pris au piège de cette situation où je n'ai pas vraiment de compte à rendre et donc, pas grand-chose pour me motiver. Mais, malgré tout, cette sensation bizarre que j'arriverai quand même à faire ce qu'il faut, comme toujours, sans forcément avoir de grands efforts à fournir, et sans même comprendre pourquoi.

Je me retrouve donc comme projeté en arrière, à nouveau dans cette zone étrange, que je ne connais que trop bien tout en pensant avoir pu l'oublier, du fait que les choses avaient, je pense, un peu changé.

Ce décalage, qui se ressent à nouveau ici, n'est qu'une fois de plus le résultat de quelque chose de plus vaste, qui a toujours été là, et qui explique sans doute la tonalité douce-amère et mélancolique que j'évoquais précédemment. En premier lieu, l'incommunicabilité : cette difficulté à tisser des liens avec mes semblables, qui ne le sont finalement peut-être pas tant que ça. Cette vague tristesse quand je me rends compte que, bien que pouvant inspirer la sympathie au premier abord, je me retrouve subtilement mis à l'écart – mais sans doute m'y mets-je moi-même – restant incapable de renvoyer aux autres les myriades de petits signes qui pourraient faire advenir un quelconque lien, ne sachant jamais vraiment comment me comporter, risquant de créer des malentendus sans le vouloir, et provoquant la déception de ceux qui auraient pu, à un moment donné, miser quelque chose sur moi.

Ce n'était bien sûr pas toujours le cas et, parfois, apparaît par hasard quelqu'un qui peut tout d'un coup donner l'impression d'être sur la même longueur d'onde, pouvoir comprendre ce qu'on est vraiment. Cela m'est arrivé, il y a quelques mois, avec une fille que – au moment où j'ai commencé à parler virtuellement avec elle – je n'avais jamais rencontrée. J'en parlerai plus longuement plus tard, bien sûr. « T'as l'air trop sincère, trop vrai, trop toi… » me disait-elle, sans jamais m'avoir vu. Notre nature profonde affleure toujours par moments pour qui peut le voir. Je reparlerai bien évidemment plus tard d'elle plus en détail – d'elle, de la rencontre, de ce que ça a représenté : sensations qui furent si soudaines, intenses, fulgurantes et inattendues que je n'ai toujours pas pu en comprendre la teneur exacte et qui m'obsèdent encore.

Car malgré mes difficultés à communiquer et à exprimer mes sentiments, je me sens toujours traversé, et ces derniers temps peut-être encore plus que jamais, par une sensibilité extrême qui me fait ressentir les choses de façon très intense, se répercutant sur toutes les parcelles de mon être. Non seulement les émotions primaires par rapport aux événements immédiats mais, plus encore, cette sorte de « toile de fond » dont je parlais au début, cette sensibilité qui se retrouve dans l'analyse du monde qui m'entoure, faisant ressortir dans chaque petit détail les émotions les plus fortes qui, au final, renvoient toujours aux mêmes thèmes fondamentaux : l'incommunicabilité, l'amour, les occasions manquées, le temps qui passe irrémédiablement, les regrets, les choses inavouées, la nostalgie d'un passé idéalisé, les désirs profonds qui transforment le futur en un rêve fantasmé, toutes ces choses qui se mélangeaient en une sorte de mélancolie, de rêves fous, de surgissements soudains d'un espoir de bonheur qui, l'instant d'après, peut s'évanouir aussitôt.

C'est sans doute par l'art (écriture, films, musique, etc.) que l'on peut retranscrire le mieux ces choses, sans avoir besoin de les expliciter. Je repense souvent à certains films, certains livres dans lesquels des moments particuliers sont propices à faire ressentir ces émotions à ceux qui sont capables de s'y projeter. C'est aussi pour cela que je voulais écrire, prendre cette sensibilité, cette façon d'analyser l'univers, et essayer d'en faire quelque chose, pas pour quelqu'un en particulier - pour moi avant tout - tout en espérant que, par hasard, d'autres puissent s'y reconnaître. C'est un peu comme les rencontres, on croise quelqu'un par hasard et, très vite, on peut sentir que des points communs émergent sur ce qu'on est au plus profond de soi, et à côté duquel passe la plupart des gens.

Sans doute l'impossibilité de verbaliser, de me montrer présent et vivant, de produire dans le réel un tant soit peu d'indices susceptibles de donner aux autres l'envie d'interagir plus avec moi, sans doute tout cela me pousse à vouloir exploiter un médium qui me permettrait de communiquer ma nature profonde et cette sensibilité exacerbée qui, autrement, reste enfermée à l'intérieur de moi.

Reste encore à surmonter ce sentiment d'impossibilité qui me mine, mais qui finira bien par s'en aller. Depuis le temps…

A suivre.

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8 avril 2016

Nouveau départ

Non, ce blog n’est toujours pas mort, juste en sommeil. Le fait que je veuille le mettre à jour sans y parvenir vraiment est une constante depuis longtemps déjà, et les trous de plus en plus long dans la chronologie sont là pour en témoigner… Mais l’envie d’écrire (et pas que ce blog, d’ailleurs), demeure aussi, à l’état latent, depuis longtemps elle aussi, depuis le début même (relisez les tout premiers messages, j’en parlais déjà…), comme quelque chose qui a toujours été là, inscrit dans la chair et imbibant tout, même si elle ne se manifeste par rien de concret pendant de longues périodes. Mais ça ne demande qu’à se réveiller… Et tant que qu’il n’y aura pas de mot « fin » gravé dans le marbre, ce blog perdurera, malgré les blancs plus ou moins longs.  

 Je l’avais bien mis à jour, à vrai dire, il y a quelque temps déjà, mais j’ai depuis effacé ces messages. Je voulais orienter cela sur un ton plus dur, désabusé même, exposer crûment mes insatisfactions, mon sentiment de vie gâchée. C’était, à dire vrai, assez compréhensible compte tenu de l’état dans lequel j’étais : une difficile traversée du désert de laquelle je ne savais plus comment sortir, des années d’impasse qui resteront incontestablement comme la période la plus noire de ma vie. Mais parfois, la lumière au bout du tunnel semble apparaître d’une façon aussi soudaine que bienvenue, presque inespérée même, vous donner une deuxième chance et quasiment vous faire croire que vous pouvez tourner la page et oublier le passé, du moins mettre tout cela derrière vous. D’où la suppression de ces messages trop noirs, ruminations malsaines témoignant d’un état dans lequel je ne suis plus tellement, et que je veux aujourd’hui oublier et effacer, comme pour conjurer le mauvais sort.

 

Mon décrochage inexplicable à la suite de mes études m’avait mené dans une impasse totale, à la fois physique et morale, et la perspective de m’en sortir me semblait si floue que je ne faisais que reculer l’échéance pour ne pas l’affronter, engrenage infernal, jusqu’au moment où je dû me rendre à l’évidence qu’il devenait vital de me sortir de là au plus vite.

J’entrepris donc de me réorienter professionnellement, et la tâche ne fut, au début, pas facile. Quand vous ne savez pas ce que vous avez fait, pourquoi vous l’avez fait, quand vous traînez votre gâchis comme un boulet alourdi par la honte, les marges de manœuvre semblent faibles. Le seul moyen était de ne plus tergiverser, ne plus se perdre dans les fantasmes ou ruminer les illusions perdues, mais au contraire de se fixer un objectif guidé par deux principes : choisir la moins mauvaise solution, et ne plus laisser passer la moindre opportunité. Dans mon cas, il s’agissait de me relancer en trouvant une formation qui me permettrait, à la fois, de tirer parti de mon diplôme passé (je n’allais pas repartir de zéro), de ne pas perdre trop de temps (je n’allais pas y passer des années non plus), tout en me réorientant vers quelque chose qui correspondrait mieux à mes aspirations profondes. Et parfois, la solution semble paradoxalement se dessiner de façon aussi rapide qu’inattendue.

J’eu l’idée d’intégrer un mastère spécialisé dans la qualité, formation d’un an à la fois théorique et pratique avec six mois de cours et six mois de stage en entreprise. Il se trouvait justement que, à ce moment-là (nous étions en septembre 2015), se trouvait un salon à Paris consacré à ce type de formation.

Je me revois encore pénétrer dans le hall (c’était à la Cité internationale de Paris), déambuler prestement dans les allées pour tâter le terrain et me retrouver, là encore, confronté à ce sentiment paradoxal qui faisait combiner en moi deux émotions contradictoires : d’un côté l’envie de m’en sortir, la certitude que j’en avais toutes les capacités, et de l’autre, cette puissante sensation d’illégitimité, de découragement, qui me murmurait tel un mauvais génie que, de toute façon, tout était perdu d’avance. J’essayai de lutter contre cette sensation pendant quelque temps, tout en étant tenté de déguerpir au plus vite, et je me résolu finalement à tenter ma chance en postulant à deux formations, sans trop y croire. Une fois les dossiers envoyés, me restait l’épreuve la plus importante, celle de l’entretien. L’un se passa de façon cordiale mais ne déboucha sur rien. Quant à l’autre, il ne se déroula pas sous de très bons auspices : les deux responsables pédagogiques qui me reçurent me tancèrent vertement sur mon inactivité relative durant toutes ces années, me disant que je trouverais jamais d’entreprise qui m’accepterai, etc. Le ton n’était pas très professionnel, plutôt sur le mode « Mais merde, qu’est-ce que vous avez foutu !? ». De toute façon, je n’en attendais pas grand-chose, sachant très bien que mes chances étaient presque nulles. Le verdict tomba assez vite : « Liste d’attente », chose que j’interprétais comme un refus poli, on vous rappellera, circulez, y a rien à voir…

Les semaines passèrent, je reçu un e-mail me demandant si j’avais trouvé une entreprise d’accueil, message auquel je répondis par la négative. Pas de réponse. La rentrée passa. Deux semaines passèrent encore. Je n’y croyais déjà plus. On me contacte à nouveau : nouvel entretien, semblable au premier. La tonalité est la même, voire pire encore. Questions indiscrètes, comme si on voulait à tout prix faire ressortir ma bizarrerie, mon inadaptation sociale. A quoi rime tout cela ? Ce n’est même plus la honte qui m’habite mais quasiment la colère, je ne me laisse pas faire et, à un moment donné, je suis à deux doigts de me lever et de partir, de leur dire d’aller se faire voir, que la comédie a assez duré... Je me retiens. A la fin, subsiste malgré tout cette sensation étrange, comme suite au premier entretien, que malgré la déconfiture l'espoir est quand même là, que cette démolition en règle n'était pas une fin de non recevoir mais plutôt un coup de semonce pour me tirer de ma léthargie. Vain et fol espoir ?

Parfois, les miracles se produisent. Celui-ci arriva par e-mail.

« J’ai le plaisir de vous informer que vous êtes désormais ADMIS […] »

On ne sait tout d’abord pas trop quoi faire et, très vite, on n’hésite plus. Je téléphone. Papier à signer pour le lendemain, cours qui commencent deux jours plus tard. Pas le temps de tergiverser. Vous vous rappelez de ce que je disais plus haut ? « Ne plus laisser passer la moindre opportunité… » Voilà. J’y allais.

Je n’étais toutefois pas totalement tiré d’affaire. Restait à transformer l’essai, à savoir trouver une entreprise d’accueil, chose par forcément aisée compte-tenu du trou dans mon CV, que l’admission à la formation n’avait pas fait disparaître, et qui demeurait aussi qu’incompréhensible que rédhibitoire pour un recruteur, l’un entraînant mécaniquement l’autre.

Et, believe it or not, un deuxième miracle se produisit. Il se trouvait que parmi mes élèves de cours particuliers, se trouvait le fils d’un directeur associé d’une SSII. En discutant avec la mère, elle aussi salariée de l’entreprise, je fus invité à donner mon CV. J’acceptai sans trop y croire, une fois de plus. Et, une fois de plus… Téléphone, encore. J’y vais. Je rencontre la chargée du recrutement puis dans la foulée le père de l’élève. Je sens que la discussion n’est qu’une formalité, que le but va être de trouver un sujet de mission à faire correspondre au thème du mastère, qu’il n’y a pas de vrai besoin de ce que je vais faire (ce qui se vérifiera par la suite), mais l’occasion est trop belle pour que je puisse refuser. « Ne plus laisser passer la moindre opportunité… », une fois encore...
Je suis pris.

En retournant en cours, j’éprouvais une sensation étrange. Auparavant, j’avais honte de ma situation, peur de ne trouver aucun stage (ce contre quoi les deux profs m’avaient suffisamment mis en garde lors de l’entretien) et je craignais à tout moment que ma situation antérieure se découvre à cause de cela, ce qui me mettait en permanence dans un état de pression et de malaise. Une fois le stage décroché, je basculai dans l’excès inverse, j’avais presque honte d’avoir trouvé si vite et si facilement, et je ne voulais pas trop le crier sur les toits.

Je n’ai jamais cru en Dieu, au surnaturel ni à tous ces genres d’idioties, mais l’espace de quelque temps, j’eus presque la sensation de quelque chose de magique. Une seconde chance, donnée de façon si improbable, soudaine et bienvenue qu’elle défiait l’esprit cartésien et ne semblait pouvoir venir que d’une force surnaturelle. Après tout ce temps perdu, ces occasions manquées, je ne pouvais plus me permettre de de ne pas la saisir. Alors que j’avais jusqu’à présent détruit mon potentiel en ne me rendant pas compte de ce que j’avais, le fait d’être tombé si bas me faisait, par contraste, savourer comme jamais chaque seconde de ce nouveau départ.

Ça y était, j’étais relancé.

 

Vanishing Point still

Image : extrait de Point Limite Zéro (Vanishing Point) de Richard C. Sarafian, 1971

10 octobre 2015

« Ça m'est égal. »

C'est donc ça la Nausée : cette aveuglante evidence ? Me suis-je creusé la tête ! En ai-je écrit ! Maintenant je sais : J'existe — le monde existe — et je sais que le monde existe. C'est tout. Mais ça m'est égal. C'est étrange que tout me soit aussi égal: ça m'effraie.

Jean-Paul Sartre, La Nausée

13 septembre 2015

« Le sublime courage des vaincus »

Oh ! les pauvres gens, les pauvres gens, les pauvres gens, comme j'ai senti leurs angoisses, comme je suis mort de leur mort ! J'ai passé par toutes leurs misères ; j'ai subi, en une heure, toutes leurs tortures. J'ai su tous les chagrins qui les ont conduits là ; car je sens l'infamie trompeuse de la vie, comme personne, plus que moi, ne l'a sentie.

Comme je les ai compris, ceux qui, faibles, harcelés par la malchance, ayant perdu les êtres aimés, réveillés du rêve d'une récompense tardive, de l'illusion d'une autre existence où Dieu serait juste enfin, après avoir été féroce, et désabusés des mirages du bonheur, en ont assez et veulent finir ce drame sans trêve ou cette honteuse comédie.

Le suicide ! mais c'est la force de ceux qui n'en ont plus, c'est l'espoir de ceux qui ne croient plus, c'est le sublime courage des vaincus ! Oui, il y a au moins une porte à cette vie, nous pouvons toujours l'ouvrir et passer de l'autre côté. La nature a eu un mouvement de pitié ; elle ne nous a pas emprisonnés. Merci pour les désespérés !

Quant aux simples désabusés, qu'ils marchent devant eux l'âme libre et le cœur tranquille. Ils n'ont rien à craindre, puisqu'ils peuvent s'en aller ; puisque derrière eux est toujours cette porte que les dieux rêvés ne peuvent même fermer.

Guy de Maupassant, L'Endormeuse

27 août 2015

Solitaire.

Enfant, je me sentais solitaire, et je le suis encore aujourd’hui, car je sais et dois mentionner des choses que les autres, à ce qu’il semble, ne connaissent pas ou ne veulent pas connaître. La solitude ne naît point de ce que l’on n’est pas entouré d’êtres, mais bien plus de ce que l’on ne peut leur communiquer les choses qui vous paraissent importantes, ou de ce que l’on trouve valables des pensées qui semblent improbables aux autres. Ma solitude commença avec l’expérience vécue de mes rêves précoces et atteignit son apogée à l’époque où je me confrontais avec l’inconscient. Quand un homme en sait plus long que les autres, il devient solitaire. Mais la solitude n’est pas nécessairement en opposition à la communauté, car nul ne ressent plus profondément la communauté que le solitaire ; et la communauté ne fleurit que là où chacun se rappelle sa nature et ne s’identifie pas aux autres.

 Il est important que nous ayons un secret, et l’intuition de quelque chose d’inconnaissable. Ce mystère emplit la vie d’une nuance d’impersonnel, d’un "numinosum". Qui n’a pas fait l’expérience de cela a manqué quelque chose d’important. L’homme doit sentir qu’il vit dans un monde qui, à un certain point de vue, est mystérieux, qu’il s’y passe des choses, dont on peut faire l’expérience – bien qu’elles demeurent inexplicables, et non seulement des choses qui se déroulent dans les limites de l’attendu. L’inattendu et l’inhabituel font partie de ce monde. Ce n’est qu’alors que la vie est entière. Pour moi, le monde, dès le début, était infiniment grand et insaisissable.

 Carl Gustav Jung, Ma vie. Souvenirs, rêves et pensées

 

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23 juillet 2015

Le disque du jour : Max Raabe and the Palast Orchester - Super Hits

Hormis les bandes originales de films, que je recherche et collectionne assidûment, je n'écoute pas tellement de musique ni de variété ; il faut dire que je ne m'y connais pas assez. Il existe néanmoins quelques disques et chanteurs que j'aime bien. Ma dernière découverte, faite totalement par hasard : Max Raabe et le Palast Orchester. Il s'agit, d'après Wikipédia, d'un chanteur allemand et de son orchestre, spécialistes des reprises de musique allemande ou étrangère des années 20 et 30.

L'originalité de l'album Super Hits est qu'il reprend des musiques bien plus récentes et d'un genre complètement différent, puisqu'il s'agit de "hits" de la pop, avec des reprises de chanteurs et de groupes comme Tom Jones, ABBA, Britney Spears, Queen, Robbie Williams, ou Manu Chao, mais toujours avec ce petit air suranné dans l'interprétation. Le résultat est très réussi, d'autant plus que Max Raabe ne s'interdit jamais un peu d'ironie, conséquence logique du décalage entre l'œuvre originale et le ton volontairement désuet de la reprise. Le titre Oops!... I Did It Again est à ce titre très caractéristique, et peut-être aussi bien (voire mieux) que l'original.

 

8 mai 2014

Retrouvailles (bis)

J'ai vu à nouveaux les anciens de la prépa, assez récemment. J'ai l'impression de ne mettre ce blog à jour qu'à chaque fois que je les revois ; c'est juste que je n'aie plus trop le courage de mettre quoi que ce soit de neuf et que là, cela me fait une occasion. Je vois des gens cela ait fait remonter des souvenirs et des sensations à la surface qui me donnent envie d'écrire.

Je suis tout d'abord invité à un karaoké qui se déroule dans une sorte de restaurant asiatique composé d'une multitude de petites cabines privées dans lesquelles on peut manger et on a à disposition un système de karaoké avec micro, écran et ordinateur pour choisir les chansons. Le programme informatique est en chinois, ce qui rend son maniement peu aisé mais ce n'est finalement pas si rédhibitoire. Je ne pratique pas ce genre d'activité très souvent mais j'ai la chance de savoir chanter juste sans avoir jamais appris ; je pense d'ailleurs que c'est quelque chose qui ne s'apprend pas vraiment. Je chante quelques chansons mais comme souvent, j'ai l'impression de ne pas connaître celles que tout le monde connaît et de connaitre celles que les autres ne connaissent pas ; mais ma prestation semble tout de même sortir du lot et ils me le font remarquer.

Quelque temps après, je les revoie au restaurant. C'est l'occasion de revoir Julien D., qui était parti depuis plusieurs années aux Etats-Unis et qui vient de renter définitivement en France. Au départ, il avait été prévu de faire la soirée au Manoir de Paris mais, devant le faible nombre de participants, il fut décidé de remettre cela à la semaine suivante. Nous n'étions que quatre, Antho, Julien D., Julie (qui arrive très en retard à cause de la difficulté de se garer à Paris) et moi. Julien D. est celui qui revenait des Etats-Unis ; il faisait partie, avec Antho, de notre groupe de colle quand nous étions en prépa. Le fait de n'être que quatre ne me gêne pas car, étant d'un naturel timide et introverti, je trouve qu'un petit groupe se prête finalement plus facilement à la prise de parole qu'une grande tablée, dans laquelle j'aurais de toute façon toujours du mal à m'imposer. Bien que j'étais précédemment resté sans contacts avec eux pendant plus ou moins longtemps, j'avais l'impression de les avoir quitté la veille, de les retrouver exactement comme ils étaient. Je me sentais aussi finalement plus sûr de moi qu'avant, durant les années ou j'étais en prépa et en école : le fait d'être resté longtemps sans rien faire depuis mes études, la prise de conscience qui s'opère petit à petit me fait comme sortir du brouillard, et je me sens un peu différent, même si je suis sûr qu'au fond de moi, les bases de ma personnalité restent plus ou moins identiques.

Nous avons parlé de tout et de rien et j'avais l'impression de davantage faire partie de la conversation que ça n'aurait été le cas plusieurs années auparavant. Est venu bien sûr le sujet fatidique que je redoutais mais que je savais incontournable, à savoir moi et mon inexplicable absence de travail digne de ce nom depuis cinq ans (si l'on excepte le fait de donner des cours particuliers mais ce n'est pas considéré, à juste titre me semble-t-il, comme une activité à part entière). J'essaie toujours de m'expliquer tant bien que mal en étant toujours le plus honnête possible mais je me sens en même temps quelque peu gêné parce qu'il n'y a pas de vraie explication, ni vis-à-vis d'eux, ni vis-à-vis de moi. Et, même si les conseils et encouragements qu'ils me prodiguent sont bien intentionnés, je ne peux m'empêcher de penser qu'une fois rentrés chez eux, ils ne doivent pas manquer de se dire que ma situation est des plus bizarres, tout comme moi. C'était justement pour éviter cette situation quelque peu inconfortable (et l'appréhension, qui était encore plus forte que la réalité) que j'étais resté sans donner de nouvelles pendant plusieurs années - ce que je leur dit d'ailleurs - afin de dissiper tout malentendu éventuel.

La semaine suivante, nous nous revoyons afin de concrétiser la visite du Manoir de Paris qui n'avait pas pu se faire précédemment. Nous sommes cette fois-ci plus nombreux, condition nécessaire pour rendre l'expérience plus amusante. Il s'agit en fait du principe du train fantôme sauf qu'au lieu d'être dans des wagonnets, la visite se fait à pied et fait intervenir en permanence des comédiens grimés en monstres qui interagissent avec le groupe, le tout dans le noir avec force bruitages, décors glauques, effets de surprise et autres joyeusetés censées ficher la trouille. Un peu inattendu au début, même si à force, on finit par s'habituer. Toujours est-il que c'est globalement plutôt bien, et certaines filles de notre groupe avaient d'ailleurs l'air d'avoir réellement peur, l'une d'entre elles s'agrippe à moi à plusieurs reprises, ce qui ne manque pas de me surprendre car après tout, on sait bien que tout cela n'est que du théâtre et qu'il ne se passe rien de dangereux (les comédiens ne touchent même pas les visiteurs).

Après la visite, s'ensuit un dîner au restaurant avec l'ensemble du groupe, qui se poursuivra ensuite par un verre bu dans un café en plus petit comité. Au restaurant, je suis assis en bout de table, en face de Julien D. Je passe d'ailleurs une partie du repas à parler avec lui de ses passe-temps, qui sont le jeu d'échecs et le golf. Comme je n'y connais rien, j'en profite pour poser des questions. C'est surtout que, comme je l'ai déjà dit, il m'est toujours difficile de prendre la parole dès lors qu'il y a un certain nombre de personnes, même si ça va mieux qu'avant.

Au cours de ses rencontres furent évoqués les souvenirs des uns et des autres, des anciens de la prépa perdus de vue ou pas, des voyages qu'ils avaient faits, des activités qu'ils pratiquaient. Et d'une certaine façon, je me sentais tout de même quelque peu exclu par les sujets abordés car je ne fais aucune activité, ne pars jamais en voyage, et je ne suis en contact avec pratiquement personne d'autre à part eux. Mais surtout, j'ai l'impression, à les entendre évoquer leurs expériences, que leurs relations aux uns et aux autres forment des liens dont je en pourrais jamais faire totalement partie, ou sinon de façon épisodique, comme une pièce rapportée. C'est la sensation que j'avais toujours eue - même avant - et qui me touche tout particulièrement car, au-delà de ce cas précis, elle est emblématique de ma position face à la vie en général, qui pourrait se résumer par cette citation de Lovecraft : « Je ne participe jamais à ce qui m'entoure, je ne suis nulle part à ma place. » J'étais partagé entre le fait que j'étais content de les revoir tous et le fait que je ressentais assez nettement, comme toujours, que je ne profitais pas de la situation complétement, je me sentais comme étranger. Cette impression se trouvait renforcée par mon hyper-cérébralité qui, constamment, me met à distance et me fait analyser la situation en même temps que je la vis, le tout entrecoupé de dizaines de pensées qui me viennent en même temps.

La soirée au Manoir fut aussi l'occasion de revoir Nina. On s'envoyait quelques SMS deux ou trois fois par an, pour le Nouvel an ou nos anniversaires respectifs et à chaque fois, je lui disais qu'il faudrait qu'on se revoie, comme ça, mais je n'avais jamais eu de réponse jusqu'à ce que je finisse par la revoir ce jour-là. Elle était venue avec son copain, que je ne connaissais pas. J'ai échangé deux ou trois mots avec lui et il m'a semblé plutôt sympathique.
Cela me fait tout de même bizarre, quand je repense au passé, parce que j'avais été amoureux d'elle sans que ça soit réciproque, que cela m'avait beaucoup chamboulé à l'époque, alors qu'aujourd'hui, cet épisode me semble complétement dérisoire. Il est toujours curieux de constater à quel point certaines sensations ne sont rien d'autres que de pures constructions de notre esprit sans lien aucun avec la réalité. Elle qui me semblait si merveilleuse à l'époque m'apparaissait aujourd'hui plus ordinaire, quelqu'un de sympathique certes, avec laquelle je partage sans doute quelques façons de voir mais pas forcément davantage que les autres personnes présentes ce soir-là. C'est sans doute la même chose pour elle aussi vis-à-vis de moi, bien sûr. Mais, à l'époque, j'avais cru, je ne sais pourquoi, qu'elle allait être à même de me comprendre mieux que les autres, que nous aurions pu, sans forcément être amoureux, ne serait-ce que des amis proches. Ce n'a pas vraiment été le cas et, même si nous nous étions vu quelques fois l'été suivant la prépa, si nous nous étions échangé des livres ou téléphoné plus de fois que d'habitude, cela n'avait, avec le temps, débouché sur finalement rien d'autre qu'une vague amitié qui avait fini par s'étioler plus ou moins avec le temps, pour ne devenir rien d'autre que quelques contacts sporadiques tout comme avec les autres membres du groupe. Mais qu'on ne se méprenne pas non plus, il ne s'agit pas d'un reproche ou quoi que ce soit, simplement d'une constatation sur le fait que dans la vie, les choses ne sont pas telle qu'on se les imagine. Je ne lui reproche rien et je ne regrette rien. Ah, si, il y quand même une chose que je regrette, c'est de lui avoir, il y a plusieurs années de cela, avoué dans une lettre que j'étais amoureux d'elle. C'était perdu d'avance, cela n'a servi absolument à rien et a fini par m'embarrasser, et peut-être qu'elle aussi, bien que nous n'en ayons absolument jamais fait mention de vive voix.

Quelque chose continue quand même de me turlupiner : ce blog. Au départ, je lui en avais donné l'adresse parce qu'elle en avait un aussi, que ça m'avait donné l'idée d'en faire un, que je postais des messages dessus, que nous étions dans la même classe, etc. Aujourd'hui que nos liens se sont distendus, il n'y a a priori plus tellement de raisons qu'elle le consulte et pourtant je suis sûr qu'elle le fait encore. Comment le sais-je ? Parce que c'est un blog évidemment très peu regardé et que quand je vérifie de temps en temps l'historique des connexions, il y en a toujours qui reviennent directement sans avoir été redirigé depuis Google ou autre. Alors évidemment, on ne peut pas savoir à qui appartient telle ou telle adresse IP mais on peut voir la provenance géographique approximative et, depuis plusieurs années, les lieux correspondaient aux villes où elle se trouvait, ce qui ne peut pas être une coïncidence. Se pose toujours, évidemment, le problème de savoir ce qu'on peut dire ou pas en fonction de la personne qui va lire le texte qu'on écrit : c'est le problème qui se pose à tout diariste dès lors que sa prose est publiée (et c'est globalement la même démarche pour un blog, à peu de choses près). Je suis, là encore, tiraillé entre deux choses contradictoires : d'un côté je voudrais que quelqu'un (un lecteur potentiel, peu importe lequel) lise ce que j'écris, car je ne conçois pas l'écriture sans lecteur. De l'autre, je ne voudrais absolument pas que des gens qui me connaissent sachent de ce que j'écris ici.
D'un côté, ce blog n'est plus destiné explicitement à elle, de l'autre, je ne peux pas l'empêcher de le consulter. J'aurais évidemment pu en créer un nouveau mais j'aime bien l'idée de continuité même si je ne suis plus exactement la même personne que quand je l'avais commencé, il y a plusieurs années de cela. Enfin bon, tant pis… Et si quelqu'un, n'importe qui, qui me connaisse ou pas, lit ce qui est écrit ici, qu'il ne répète rien de ce qui a pu être écrit.

17 novembre 2013

Un an et demi plus tard…

Coïncidence troublante, transition toute trouvée… Mon dernier billet, il y a un an et demi de cela, évoquait mes retrouvailles avec d'anciens amis de prépa, pour une soirée au cinéma. Des mots écrits frénétiquement, dans la foulée, qui tâchaient de rendre compte de mon état d'esprit du moment. Je n'avais alors mis en ligne qu'une première partie, gardant la suite pour plus tard – suite que je n'ai malheureusement pas écrite, l'envie étant passée, m'étant à nouveau laisser envahir par ce renoncement permanent englué dans le pessimisme. J'ai cependant – et malgré les interruptions plus ou moins longues – jamais laissé tomber complètement ce blog. Il est resté vide, certes, mais je savais qu'il repartirait un jour. Certaines activités sont parfois liées à des périodes de nos vies - on les abandonne parfois complètement sans savoir pourquoi – mais ce blog ne fait pas partie de cette catégorie, il reste au contraire un espace qui, même inactif, est en fait perpétuellement ouvert et, à ce titre, susceptible de repartir à tout moment si l'envie se présente, afin de recueillir ce que je sentirais avoir le besoin d'exprimer. Mon esprit reste en ébullition permanente, traversé sans cesse de tonnes d'idées, de ressentis, d'analyses, de projections, et ce blog, mince trace électronique ouverte à qui voudra bien le lire (ou pas !) ne pourra jamais prétendre être autre chose qu'un infime fragment de tout cela, passé à travers le filtre réducteur de l'écriture, de la pudeur, de ce qu'on juge utile d'être dit ou pas, et qui fait qu'il y a toujours une distance entre ce qui se lira à travers les lignes et mon ressenti profond.

Bref, laissons de côté ces digressions et revenons-en au but principal de ce billet. J'avais, il y a peu de temps de cela, de nouveau caressé le projet de reprendre ici l'écriture de ce blog. « Projet » n'est peut-être pas le mot le mieux choisi car ce n'est pas un projet que l'on fait de façon intellectuelle, plutôt un désir qui s'impose à nous. Les choix faits « parce qu'il faut les faire » et non faits par désir ne marchent pas, en tout cas pas dans mon cas. C'est même là un des grands drames de ma vie (ou pas, je n'ai peut-être finalement pas assez de recul pour juger.) Toujours est-il que, à la suite de cela (pas une relation de cause à effet, mais une coïncidence), je reçois à un message m'invitant à participer à un repas avec les anciens de la prépa, parmi lesquels certains avec qui j'avais justement été au cinéma l'année précédente. Etant a priori réticent, non à l'idée de les revoir mais à celle de devoir affronter les remarques sur ma situation atypique, je décidais néanmoins d'accepter, pas seulement par politesse mais parce que je trouvais important de maintenir les liens, et que cela me faisait plaisir de les revoir.
Et c'est ainsi que ce blog enchaîne directement, à plus d'un an et demi d'écart, d'une situation presque semblable, avec à peu près les mêmes gens.

Le repas avait lieu dans un restaurant de Belleville, faisant aussi office de salle de spectacle. Nous étions à une table à l'étage, dans le fond d'une mezzanine, de telle que nous ne pouvions voir la scène. En revanche, le son, assourdissant, était parfaitement audible, nous empêchant presque de nous entendre les uns les autres. J'étais en bout de table (nous étions sept). Cela faisait un certain nombre d'années que je n'avais pas vu certains d'entre eux, mais cela ne semblait finalement pas changer grand-chose. La discussion porta d'ailleurs, à un moment, sur le fait que nous n'avions pas changé physiquement, mais j'ai également trouvé qu'aucun d'entre eux n'avaient changé dans leur façon d'être. Peut-être ne change-t-on jamais vraiment, après tout. Quant à moi, j'avais le sentiment d'avoir beaucoup changé intérieurement, d'être passé par une meilleure compréhension de moi et de beaucoup de choses ces dernières années, mais extérieurement, je me rendais compte une fois de plus que je n'avais pas vraiment changé dans mon comportement, me trouvant toujours taiseux et introverti, en décalage permanent, comme hors du jeu.

Les appréhensions que  j'avais avant de venir tombent, au début, assez rapidement, car quand je dis, en arrivant devant le restaurant, que je n'ai pas fait grand-chose durant tout ce temps, que je me contente de donner des cours particuliers, je n'obtiens rien de désapprobateur. Les « small talk », petites discussions censées briser la glace que l'on dit en rencontrant quelqu'un (comme parler de la pluie et du beau temps) portent en elles une grande part de conventionnel et, comme par une sorte de bienséance, on ne se met pas à juger ce que dit l'autre. Ce n'est que plus tard, au cours de la conversation, alors que je pensais que mon cas n'avait pas grand-chose d'intéressant et que personne n'allait revenir dessus, que mon cas devient, un court moment, le sujet central, chacun y allant de sa suggestion et de sa remarque sur ce que je n'ai pas fait, pourrait ou devrait faire, etc. Le ton est finalement plutôt à l'encouragement qu'à la critique et je me doute que personne ne pense vraiment à mal, mais toujours est-il que je n'aime pas être regardé de la sorte, comme une sorte de bête curieuse, susceptible d'attirer la pitié ou les encouragements « pour mon bien » que les gens se sentent, en pareil cas, comme un peu forcés de dire. Je fais inconsciemment tout pour, il est vrai, mériter un tel traitement, mais à la différence d'autrefois, mon statut actuel est encore plus « explicitement » bizarre, absurde, incohérent alors qu'autrefois, j'étais tout aussi déphasé mais le fait que je poursuivisse des études permettait de le masquer : j'étais « dans le moule » bien que ce moule fut déjà totalement incongru.
Je ne sais pas vraiment quoi répondre à leurs sollicitations ; d'un côté je sais bien qu'ils veulent m'encourager ; de l'autre, je sais de toute façon déjà très bien tout cela, et je préférerai, à vrai dire, ne pas être le sujet de ces remarques. Quoi qu'il en soit, mon manque de motivation est perceptible et je n'arrive même pas vraiment à le masquer (sans doute n'en ai-je, en fait, ni l'envie ni la force – à quoi bon au point où j'en suis…). Ce que je masque très bien en tout cas, mais de façon hélas totalement involontaire, c'est que je suis vraiment intérieurement, ce que je connais sur tout un tas de sujets, ma façon de voir le monde et la vie. Il est vrai que je n'ai pas l'occasion de parler de grand-chose, et rien dans les discussions de ce soir n'ont trait de près ou de loin avec l'actualité mais même au-delà de cela, c'est toute ma façon d'être, mon décalage permanent entre la façon dont on me perçoit et mon ressenti intérieur, qui se manifeste à nouveau. (Je reviendrais plus en détail là-dessus au cours d'un prochain billet.)
En venant ce soir-là, j'ai une fois de plus réussi à surmonter mon appréhension qui m'avait paralysé ces dernières années et m'avait contraint à ne plus donner de nouvelles, craignant de devoir supporter les remarques étonnées de mes camarades. Mais la chose que je retiendrais surtout c'est que l'appréhension est finalement toujours plus forte que la réalité : il m'était beaucoup plus difficile de m'imaginer ce à quoi j'allais devoir répondre que de l'affronter en face.
A la fin de la soirée, J. qui a organisé le repas, me dit que c'était gentil d'être venu et là encore, je ne sais pas quoi dire et je ne dis rien. J'aurais sûrement dû dire aussi que ça me faisait plaisir d'avoir revu tout le monde mais voilà, je suis le plus souvent si vide, si transparent que j'imagine mal les gens s'intéresser d'une quelconque façon à moi et je ne sais jamais comment prendre les rares marques d'attention que l'on veut bien me témoigner. Je ne sais pas trop, finalement, ce que tout le monde a pensé de moi ce soir-là. S'ils me connaissent bien, ma situation n'a pas dû les étonner tant que cela car j'ai toujours eu l'air de sortir de nulle part, de ne m'intéresser à rien, de détonner dans le paysage.

J'espère bien qu'on se reverra un jour ou l'autre mais je ne sais pas ce qu'il en sera, peut-être ai-je rompu les liens trop longtemps, peut-être n'avait-il jamais eu de vrai lien, peut-être que finalement, c'est en fait la même chose pour tout le monde. A un moment de la soirée fut évoquée ce qu'étaient devenus les uns et les autres et cela se résumait à quelques informations çà et là, untel qui avait vaguement des nouvelles de tel ou tel, qui l'avait rencontré ici ou là. Les routes ont plus ou moins divergé pour chacun de nous, et les retrouvailles éphémères n'ont peut-être pour seul but de faire ressurgir des émotions et souvenirs du passé.

11 mars 2012

Retrouvailles (1ère partie)

La journée d’hier fut marquée par mes retrouvailles avec Anthony, Nina et Julie, les trois amis avec qui j’avais passé les années de prépa, et que je n’avais pas vus depuis plus de deux ans. Je n’avais, en effet, maintenu aucun contact depuis la fin de mes études, étant donné la honte et le sentiment de malaise que j’éprouvais à révéler le fait que je n’avais rien fait du tout durant cette période. Nina m’avait envoyé à plusieurs reprises des SMS me demandant de mes nouvelles, auxquels je n’ai trouvé le courage de répondre qu’après une longue période, réponse qui s’est concrétisée sous la forme une lettre Word dans laquelle j’avais tenté d’expliquer ma situation le plus sincèrement possible, comme une sorte de confession, au risque de paraitre sous un jour loin d’être parmi mes meilleurs. Je lui avais dit à la fin, comme ça, que j’aurais bien voulu la revoir, histoire d’essayer de reprendre contact, mais ma lettre était restée sans réponse (ce que je ne pouvais pas vraiment lui reprocher, étant donné ma propre lenteur à répondre). L’absence de réponse n’avait fait que concrétiser mes craintes : qu’elle trouve ma situation lamentable, qu’elle n’ait plus envie de me revoir, qu’elle ait trouvé le ton de la lettre trop personnel (ne m’étant pas contenté d’envoyer un “tout va bien” de rigueur émaillé de banalités), ou que sais-je encore. Le silence a ceci de terrible qu’il nous fait imaginer tout et n’importe quoi — en particulier les pires choses — mais un message de bonne année envoyé sur mon portable début janvier 2012 m’avait montré qu’elle ne m’avait pas oublié.

Il se trouvait que, il y a de cela une semaine, je pensais justement à elle quand — coïncidence troublante — j’ai reçu un message de sa part m’invitant à aller avec Anthony et Julie à une “nuit Tim Burton” organisée dans un cinéma parisien. Je ne sais pas pourquoi ils avaient pensé à moi comme ça, toujours est-il que j’ai spontanément eu le réflexe de dire oui, ce qui n’aurait peut-être pas été le cas il y a un an ou deux, mais du temps avait passé, j’avais sans douté évolué dans ma façon de voir les choses et j’étais à présent content de les revoir, je m’en voulais de ne pas leur avoir donné de nouvelles et je pensais qu’ainsi, je pourrais sans doute renouer avec eux, me rappelant les souvenirs d’il n’y a pas si longtemps. Cette impatience à les rencontrer était toutefois contrebalancée par une forte appréhension due au fait que je ne les avais pas vu depuis longtemps (mais je n’avais, de toute façon, vu personne d’autre de la prépa, de l’école d’ingénieurs ou autres), et que je me demandais ce que j’allais ressentir en les revoyant.
J’avais l’impression, de mon côté, d’avoir beaucoup évolué durant ces deux années sur ma façon de voir les choses, mon rapport au monde, la façon de sentir et d’analyser mon comportement, celui des autres et du monde alentour, comme si cette solitude en quelque sorte forcée et subie (même si personne d’autre que moi-même ne me l’étais imposée) m’avait obligé à prendre du recul, à creuser l’introspection, à affuter mon sens critique et ma capacité à analyser les choses alors même que durant ce temps, je m’étais paradoxalement coupé du monde ; comme si j’étais devenue un peu une autre personne dans ma façon de comprendre les choses, comme sorti d’un brouillard.

Si j’appréhendais quelque peu, c’est d’une part parce que j’avais le pressentiment (qui s’est finalement avéré faux) de subir comme une sorte de choc, comme lorsqu’on passe brutalement du froid au chaud, sauf que là, il se serait agi d’une sorte de passage brusque du passé au présent, d’une représentation idéalisée mentalement à sa concrétisation brutale. Il se trouve en effet que, comme je ne les avais pas vu depuis deux ans, l’image que je me faisais d’eux, associée à des événements passés et révolus, se trouvait comme coupée du présent, d’autant plus que j’avais l’impression de ne pas avoir vécu à 100 % ces moments passés — comme presque tous les moments passés, d’ailleurs — comme si ce que j’avais vécu appartenait à une autre vie. D’autre part, et c’est bien là ce qui motivait le plus mon appréhension, était le sentiment persistant et très lourd à porter de culpabilité, celui d’être jugé négativement, ici, en l’occurrence, parce que je n’avais rien fait depuis deux ans, alors que tous les autres gens de ma situation travaillent depuis longtemps. Toutefois, comme j’avais déjà averti Nina par lettre de ma situation ainsi que de mes états d’âme, je supposais qu’elle en avait déjà touché mot à Anthony et Julie et qu’ainsi, ce que je leur dirais ne leur apparaitrait pas comme une surprise.

(A suivre…)

23 octobre 2011

Avant-première

Avant-première, mardi dernier, du nouveau film de Bruno Dumont Hors Satan, organisée par les Cahiers du Cinéma. La revue proposait un contingent de places, offertes aux abonnés qui se manifesteraient le plus rapidement par e-mail, et j’ai eu la chance d’en faire partie. Cette vélocité à répondre m’avait déjà valu, le mois précédent, une invitation à une autre avant-première, celle du film de Philippe Garrel Un été brûlant. Ce dernier ne m’attirait a priori pas particulièrement (et mes craintes s’avèrent fondées à l’issue de la projection, le film ne m’ayant effectivement pas plu) mais j’avais sauté sur l’occasion, me disant que cela serait l’occasion de voir un film d’un réalisateur que je ne connaissais pas. Peine perdue. Mais avec Dumont, c’était une autre affaire étant donné que j’avais vu tous ses précédents films et que j’avais, de toute manière, prévu de voir Hors Satan, avant-première ou pas. Le gain de la place arrivait donc à point nommé.

Ce rendez-vous mensuel des Cahiers, constitué d’une avant-première suivie d’un cours débat (qui se déroulait au Club de l’étoile, dans le XVIIe à Paris — un cinéma qui sert apparemment avant tout aux projections de presse) avait été inauguré par le film de Garrel ; on en était donc à sa deuxième séance, pour laquelle la salle était un peu plus clairsemée que pour la première. Il faut dire que la projection d’Un été brûlant s’accompagnait de la présence des acteurs Louis Garrel et Monica Bellucci, qui attirent peut-être davantage les foules que Bruno Dumont. Mais (et c’est une chose que j’ai remarquée à force d’écouter de nombreux commentaires audio sur DVD), les réflexions d’acteurs et ceux de réalisateurs n’ont souvent pas la même qualité, ce qui s’est vérifié une fois de plus ici. Les comédiens semblent en effet souvent s’en tenir à la surface des choses, aux détails insignifiants lorsqu’ils parlent d’un film, tandis que les cinéastes possèdent une capacité d’analyse de leur propre travail autrement plus profonde.

Hors Satan

Bruno Dumont s’est, à ce titre, très bien prêté au jeu du questions / réponses. On voit bien, en regardant son film et en l’entendant parler, qu’on a affaire à un véritable artiste, un créateur, de ceux pour qui tourner est une façon d’exprimer avec des images ses sensations les plus profondes, sans faire la moindre concession aux règles cinématographiques traditionnelles, a fortiori céder aux sirènes du cinéma commercial. S’ensuivent donc des films âpres, dérangeants, d’une singularité parfois radicale. Hors Satan ne dérogeait pas à la règle, et poussait même encore plus loin la recherche esthétique ainsi qu’un certain ascétisme qui s’étaient déjà manifestés dans les œuvres précédentes.

Il s’agit d’un film dominé par l’aspect visuel, en particulier les paysages (en l’occurrence ceux du Nord de la France, d’où Dumont est originaire). A partir de là, le réalisateur créé un personnage de vagabond, pauvre ère sorti de nulle part auquel une jeune fille du cru (une ado au look gothique) s’est attaché. Cet anti-héros, à la fois ange et démon, va tour à tour s’illustrer aussi bien en tant que faiseur de miracles qu’en redresseur de tort radical. Un comportement assez paradoxal (son côté “saint” est annulé par sa violence) que j’ai souligné lors de la séance de questions / réponses, ce à quoi Dumont me répondit que l’intérêt était justement là, dans cette cohabitation des deux extrêmes au sein du même personnage.

Dans ce film, Dumont déploie à nouveau son univers poétique et déroutant : acteurs non professionnels, dialogues réduits au strict minimum, histoire sans grande importance qui accumule les détails insignifiants ; bref, autant d’éléments qui ne font que décupler la puissance de certaines scènes insolites, couplé en cela par la splendeur des plans et des paysages. Le réalisateur semble alors s’embarquer sur la voie d’une sorte de mysticisme athée, à la lisière du fantastique, même si chacun est libre d’interpréter cela comme il l’entend.

Je pense de plus en plus que le grand cinéma, c’est justement ce qui relève de ce genre d’expérience, que l’on peut retrouver chez des cinéastes comme Carlos Reygadas, Béla Tarr, Andreï Tarkovski ou Terence Malick, dans les œuvres desquels l’histoire, la progression dramatique et les personnages au sens où les entend habituellement ne sont que secondaires. Les images ne sont là que pour traduire les sensations profondes du réalisateur, même si leur sens explicite n’est pas immédiatement identifiable (et peut-être d’ailleurs ne l’est-il pas non plus chez l’artiste, car c’est avant tout l’inconscient qui s’exprime). Ce sont ces images, ces sons qui vont ensuite entrer en résonance chez le spectateur et le toucher, sans qu’il ne puisse forcément expliquer pourquoi de façon rationnelle, car on est là aussi dans le domaine de l’inconscient et de l’indicible. Il n’y aura pas deux interprétations, pas deux ressentis identiques chez deux spectateurs. Peut-être l’œuvre d’art joue-t-elle le rôle de moyen de communication entre l’artiste et le spectateur, mais de façon détournée, indirecte, car ce n’est pas ce qui est représenté qui se communique, c’est ce qu’il y a derrière. Une communication qui n’est donc pas univoque ni complètement traduisible de façon claire, puisqu’il va dépendre d’une part de la personnalité de chaque individu, et d’autre part parce qu’il fait appel à l’inconscient, auquel on n’a jamais totalement accès. C’est assez difficile à expliquer, mais c’est ainsi que je vois les choses…
[Ajout, le 26/11/2011 : Je viens de lire dans Les Cahiers du cinéma des propos de Philippe Garrel qui expriment exactement le même chose : “Le but ultime (et c’est aussi celui que cherche Stanislavski), c’est de favoriser l’entrée en lice de l’inconscient. On comprend bien que quand on dit une chose consciemment, on dit en même temps quelque chose d’inconscient. A travers ce qu’on dit, il y a le lapsus permanent de cc qui nous obsède. Il faut parvenir à laisser s’exprimer cet inconscient qui parle. Ca ouvre l’inconscient du spectateur qui commence à penser inconsciemment à des choses parallèlement à sa lecture du film, qui n’ont pas forcément un rapport direct avec les situations, qui ne relève pas de l’identification mais d’une association d’idées par rapport à ce qui lui est présenté.” 
C’est toujours très curieux de conceptualiser quelque chose et de se rendre compte plus tard que quelqu’un d’autre avait déjà trouvé exactement la même chose, dite avec des mots différents. D’autant plus que, dans le cas de Philippe Garrel, je n’ai pas aimé son film pour lequel je trouve que ce qu’il décrit ne s’applique pas…]

J’ai eu l’occasion de poser deux questions (mais j’aurais pu en trouver bien d’autres), l’une sur l’ambivalence du personnage principal (voir plus haut), et l’autre sur le fait qu’un film qui faisait à ce point la part belle aux paysages aurait pu évoquer un road movie, alors que c’était l’exact contraire qui nous était montré, puisque les personnages n’évoluaient pas dans l’espace. Un spectateur a évoqué les événements du film qui relevaient du fantastique et de l’inexplicable, notamment (selon lui), un oiseau que l’on voyait faire du sur place, ce à quoi Bruno Dumont a répondu qu’on pouvait très bien leur trouver une explication, et que l’alouette est un oiseau qui pratique bel et bien le vol stationnaire. Comme quoi, un manque de connaissances ornithologique peut parfois faire voir de l’inattendu là où il n’y a rien…
Un autre a posé une question sur un ton très étonnant, comme aurait pu le faire un journaliste branché récitant quelque chose de façon mécanique et artificielle pour se donner un genre. Peut-être s’agissait-il simplement de quelqu’un de peu sûr de lui, qui avait besoin de surjouer en employant un ton spécial pour oser parler en public.
Fut également évoquée la copie 35 mm, à qui allait la préférence du réalisateur par rapport à une projection en numérique. “Vous mêmes, vous êtes chimiques.” a dit en substance Dumont pour étayer sa préférence pour la pellicule, plus naturelle selon lui. Je trouve ce genre de débat (numérique contre analogique) très instructif, avec une foules d’arguments que l’on peut trouver dans un sens comme dans l’autre, mais il n’était bien entendu pas question, ce soir-là, de s’appesantir trop longtemps là-dessus.

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