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Journal désenchanté
12 mai 2007

Loin du béton.

Vous aussi, vous avez reçu un méchant coup de massue sur la tête dimanche dernier, vers vingt heures ? Enfin, à vingt heures, j’étais même pas devant la télé, je savais le résultat avant et puis de toute façon, c’était perdu d’avance. Tout cela n’augure rien de bon. En plus, dans mon école, où il y a le Figaro tous les matins, c’était bien sûr Sarko qui avait le vent en poupe. Désolant.
J'ai eu une conversation MSN qui n’a servi à rien, avec quelqu’un de la prépa de l’année dernière. Entre les deux tours, il me dit : « On parle pas de politique. Je fais mon Bayrou, je suis incapable de donner un avis sur quoi que ce soit ». Moi, je remets insidieusement la discussion sur le tapis, bien sûr. Il n’avait soi-disant pas d’avis, mais n’empêche que Sarko, c’était quand même mieux. S’en suit un échange d’arguments (dont certains, assez grotesques, venant de lui), à l’issue duquel une conclusion s’impose : « Tu n'as hélas pas remonté dans mon estime. », ce qui était tout à fait vrai, mais dit en même tant pour plaisanter. Et là, contre toute attente, il semble le prendre mal, enfin un peu. Moi, je m’en foutais pas mal qu’il le prenne mal ou non, sinon je ne le lui aurais pas dit. J’avais passé des dizaines d’heures à parler avec lui sur MSN, au fil du temps, je m’étais même confié à lui, parce que j’avais besoin de parler, sans doute. Est-ce que ça voulait dire que c’était un ami proche, ou que je l’estimais ? Non. Je parlais avec lui, mais c’était tout, et rien de plus. J’avais l’impression que c’était toujours au raz du sol, que je perdais mon temps. Je ne cessais de lui dire : « Tu ne comprends rien. ». Je ne le trouvais ni drôle, ni intéressant. Il est revenu me parler dix jours après, avec toujours rien à dire. Le bavardage sans intérêt a alors repris son cours, comme d’habitude.


Pris rendez-vous au consulat des Etats-Unis pour le 5 juin, avec départ surement quelques jours après, si mon visa est bien envoyé tout de suite. J’ai reçu un e-mail d’un autre gars de l’école, qui va peut-être être logé avec moi.


En prépa, on culpabilise si on ne bosse pas assez, mais on apprend toujours quelque chose. En école (du moins dans la mienne), on ne bosse pas et on n’apprend rien mais là, tout le monde sait que ça fait partie du jeu. Les cours sont souvent pas intéressants, et si on daigne y aller, c’est souvent un œil rivé sur le journal ou autre chose (j’ai mes réserves…). Pour les applics, suffit de recopier un peu sur les autres ; les projets, c’est à plusieurs, donc on les fait plus ou moins. Et pour les compos, on peut compter sur la feuille A4, aide-mémoire autorisé qu’on fait soi-même, dont la quantité d’information contenue est proportionnelle à la taille de l’écriture (sortez vos Rotring !). C’est la veille de la compo qu’on commence à voir de quoi parle le cours. Avec ça, j’en étais arrivé à 13 de moyenne générale, soit un point de plus que le minimum exigé (et tous mes crédits) à la fin du premier semestre (on a les résultats que maintenant). Relatives petites semaines de calme en ce moment, après l’avalanche de compos et projets concentrés dans les derniers jours (fin mai).

Les amphis redevenaient vides, ce qui était pas plus mal, car on étouffe quand il y a trop de monde. L’inspecteur, visiblement mieux disposé, avait cessé de faire l’appel à tort et à travers. Ce soir, il est rentré dans l’amphi, à la fin du cours, visiblement content, nous signalant qu’il y avait une fille de TF1, qui s’appelait Rachel, qui voulait nous voir pour qu’on assiste à La Roue de la fortune, ou quelque chose comme ça.

Un jour, il y a bien longtemps, le prof de construction générale a dit cette phrase qui m’a marqué : « Le lamellé-collé colle à l’épure mathématique. » Je ne sais pas si c’était à cause de l’allitération ou parce que ça semblait n’avoir aucun sens, mais on aurait pu croire à de la poésie absurde. Ionesco a bien écrit La Cantatrice chauve en s’inspirant de la méthode Assimil… Mais je doute que le prof de construction soit sensible à l’humour. Je ne suis plus jamais retourné à son cours. Quand je suis revenu, c’était un autre prof, tellement drôle celui-là, que ses blagues déclenchaient des applaudissements ironiques. Et j’étais dans une école de BTP, rendez-vous compte… De droite, de surcroit. Où l’on apprenait des maths incompréhensibles, du béton, du lamellé-collé et toutes ses autres choses dont je ne me rappellerai pas. Et il fallait bachoter, faire semblant de travailler, essayer de ne pas trop perdre son temps. Tout le monde faisait ça. Quant même, certains bossaient. Dernièrement, un type assis à côté de moi en aplic de RDM m’a dit que certains avaient 16,5 de moyenne générale et visaient le MIT pour la troisième année, à 30 000 $ les frais d’inscription. Ca me fait penser qu’il faudrait que je lui demande des archives pour réviser la construction générale, parce que les polys sont inutilisables, et qu’on ne sait pas ce qu’on nous demande.
Je me sentais quand même bien seul. J’étais là, mais mes pensées étaient ailleurs, loin, très loin du béton.

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