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Journal désenchanté
3 décembre 2006

"Brazil" de Terry Gilliam

Brazil_Criterion

Brazil

It's about flights of fantasy. And the nightmare of reality.
Terrorist bombings. And late night shopping.
True love. And creative plumbing.

Un film de Terry Gilliam (Royaume-Uni, 1985)
Ecrit par Terry Gilliam, Tom Stoppard et Charles McKeow
Avec Jonathan Pryce, Robert De Niro, Katherine Helmond, Ian Holm, Bob Hoskins, Michael Palin et Kim Griest

Brazil___sam

« Brazil, were hearts were entertained in June… » La petite chanson joyeuse et veillotte, que l’on fredonne sans savoir d’où elle vient, petit moment d’évasion d’un monde trop rigide ? Il n’est jamais question du Brésil et le titre n’est pas expliqué (si ce n’est par la chanson en question que l’on entend de temps en temps) dans le film. Au départ, ça devait s’appeler « The Ministry of Torture ». Ou alors « 1984 ½ ». Référence à Orwell donc, mais aussi Kafka tant l’histoire et le ton baignent dans l’absurde. Dans un monde vaguement futuriste et totalitaire écrasé par une administration toute-puissante, Sam Lowry, modeste employé de bureau, doit gérer à la fois les conséquences d’un incident minuscule aux proportions énormes (un insecte écrasé tombé dans une machine change une lettre sur un formulaire et tout se déglingue…), un ingénieur chauffagiste soupçonné de terrorisme, un patron peureux qui s’accroche à lui et sa mère très sure d’elle qui a pour lui de hautes ambitions. Mais la nuit, il rêve que, paré en homme volant, il affronte les créatures monstrueuses symbolisant le système et sauve la princesse de ses rêves. Quand il croit reconnaître celle-ci dans le monde « réel », il se lance à sa poursuite…

Brazil___Mrs_Lowry   27b

On retrouve bien dans Brazil le style du réalisateur Terry Gilliam (ex-Monty Python à qui on doit notamment L’Armée des douze singes ou Les Aventures du baron de Munchausen) : une imagination débridée au service d’un univers délirant, un monde entre rêve et cauchemar avec un mélange de technologie moderne et de bricolages farfelus. C’est aussi une satire mordante à l’humour ironique, un conte pessimiste et touchant où l’on suit le héros dans une sorte de parcours initiatique jusqu’à un final toujours aussi terrible.

Brazil_Buttle   brazil___ian_holm

Après le tournage de Brazil, son ton résolument décalé déplut fort à Universal, qui pensait le film trop peu susceptible d’attirer le grand public, et donc de rapporter de l’argent. Sid Sheinberg, le big boss du studio, fis alors refaire entièrement le montage en dépit du bon sens, enlevant presque une heure, rajoutant de façon grossière des scènes davantage explicatives et, sacrilège suprême, ajouta un happy ending. Gilliam refusa la diffusion de cette version (ce qui bloqua la sortie du film) et entrepris une sorte de guérilla avec le studio, organisant des séances de projection clandestine pour la presse de Los Angeles, qui lui décerna le prix de meilleur film de l’année. Après quoi Sheinberg jeta l’éponge et sorti le film dans la version de Gilliam.

Brazil___masque   Brazil___sparks

Toute cette histoire est racontée dans le documentaire The Battle of Brazil, présent dans le coffret 3 DVD de l’édition américaine du film sorti dans la collection Criterion (et récemment rééditée avec enfin un master 16/9) qui comprend également plein d’autres bonus sympas : making-of, commentaire audio de Gilliam, interviews, story-boards, et même la version du film désavouée par Gilliam. Une édition de référence, quoi. Un tel film n’en méritait pas moins.

Brazil___fin

Brazil...
Where hearts were entertained in June
We stood beneath an amber moon
And softly murmured someday soon...
We kissed and clung together
Then... Tomorrow was another day
The morning found me miles away
With still a million things to say
Now... When twilight dims the skies above
Recalling thrills of our love
There's one thing I'm certain of
Return, I will
To old Brazil

Brazil_poster

It's only a state of mind.

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Commentaires
B
C'est vrai que la fin est particulièrement amère. Mais, désespoir ou réalisme désabusé, il existe toujours une lueur d'espoir, une façon de s'en sortir. C'est que que dit Gilliam à propos du personnage à la fin : "To me, he has won in a strange way. He's free in his mind."<br /> <br /> Bonnes vacances à toi.
S
Ce film m'a donné une sensation forte(j'étais totalement estomachée) comme 2001 Odyssée de l'espace.Depuis, lorsque j'entends la chanson Brazil ça me fait doucement sourire(symbole de desespoir ou de réalisme pour certains: tu ne pourras jamais lutter contre le systeme sauf dans tes reves.)<br /> <br /> Bonnes vacances!
Journal désenchanté
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