Lundi.
Ce matin, trois heures de cours de géologie. Cela faisait deux fois de suite que je n’y étais pas allé (dont le dernier où il y a eu un appel ; je m’en doutais un peu, me disant : « Si j’y vais y en aura pas, et si j’y pas y en aura un » ; j’y suis pas allé parce que j’étais fatigué et vous imaginez la suite…) ; parce que la dernière fois, le prof avait, pendant la moitié du temps, refait exactement le même cours que précédemment, tout en répétant qu’on était en retard. En général, il agrémente le cours de diapositives le montrant en pleine action. Un « géologue de terrain », comme il aime se définir. Il nous avait montré aussi des papiers du genre, « Voyez, là c’est moi qui ai fait l’expertise pour un terrain qui était jugé dangereux alors que c’était pas vrai. » etc.
Quand il faut partir tôt le matin, on prévoit toujours de partir avec un train d’avance, jusqu’au jour où on finit par ne plus prendre d’avance et de partir de justesse. Je pars donc ainsi, en prenant le bus pour aller à la gare, sachant que je n’avais plus de temps d’y aller à pied, mais que c’était risqué si le bus était en retard. Le bus était effectivement en retard et un camion poubelle bloquait le passage, ce qui fait que je ratais le train. Du coup, retard pour retard, je ne suis plus à une minute près. J’attends le RER suivant à la gare du nord (parce que dans le précédent il n’y avait plus ni places assises, ni places debout), et je redescends deux stations plus loin pour remettre ma lentille qui commence à s’abîmer car je ne l’ai pas changée depuis trop longtemps. Arrivé à Cachan, le cours est commencé depuis une demi-heure, ce n’est donc même pas la peine d’essayer de rentrer.
Je vais alors dans la salle des ordis finir de faire un exo d’informatique. Pour l’informatique, ils avaient fait remplir un questionnaire en début d’année pour faire des groupes de niveau, avec des questions du genre « Qu’est ce qu’un système d’exploitation, combien de touches sur un clavier, quelle est la différence entre PC et Mac, etc. ». En fait, ce qu’on fait en info est de la conception de pages Web, c'est-à-dire une sorte de programmation qui requiert de la logique, ce qui n’a pas presque rien à voir avec les réponses du questionnaire, et on se demande donc bien la pertinence des groupes qu’ils ont fait : la preuve, je me suis retrouvé dans l’un des meilleurs groupes alors que je suis censé être mauvais. Et en plus, j’avais l’impression d’avoir répondu n’importe quoi au questionnaire (mais comme ils ne le rendront jamais, on ne le saura pas.)
J’essaie donc de faire mon exo de JavaScript. Pour ceux qui ne savent pas ce que c’est, prenez une page Internet au hasard, faites « affichage » et « source », et vous aurez un joli texte en format HTML dans le « bloc-notes » qui correspond à ce que le concepteur de la page a dû taper pour que la page soit ce qu’elle est. Donc, c’est ce qu’on doit faire (en plus simple, et en créant des programmes avec des fonctions, boutons, etc.) Le prof dit toujours que ça va pas assez vite et donne à chaque fois des exos à faire chez soi.
Avec l’info, ça marche comme ça : au début, on met (enfin, moi) dix minutes à comprendre intuitivement le truc et trois heures à taper le programme car il faut chercher sur Internet les différentes fonctions que l’on ne connaît pas et que le prof n’a pas expliquées. Quand on est un peu plus entraîné, on met dix minutes à taper le programme et trois heures à essayer de comprendre pourquoi il ne marche pas. Vous comprenez pourquoi je ne suis pas un fan de programmation.
Je vais donc en cours de géologie à la pause, et devinez ce qu’il y a eu en mon absence. Oui, c’est ça. Il n’y a jamais d’appels aux cours où je vais tout le temps, mais en géologie, ça fait déjà le troisième depuis le début de l’année. Celui de ce matin demandé tout spécialement par l’administration car une assoce avait organisé un week-end ski (et il y a toujours des appels quand c’est le retour de voyages organisés).
Je vais voir l’inspecteur à la pause lui disant que comme j’étais en retard, il pourrait bien me faire sauter l’absence. Ah, mais c’est déjà parti à l’administration, répond-il d’un air jovial, comme toujours. Plus tard, j’apprends que d’autres étaient dans le même cas que moi et qu’il leur a fait sauté l’absence ou a noté leur nom sur un papier pour la faire sauter plus tard. A l’ESTP (du moins en B1), il semble que le nombre d’absences corresponde à la fois à votre taux de présence lors des appels et au fait que l’inspecteur aime bien votre tête ou non. Si vous êtes une fille (jolie de préférence), il connaitra surement votre nom et vous ferra peut-être même la bise de temps en temps. Mais s’il ne vous connaît pas (comme c’est mon cas), n’espérez pas de miracles.
L’après midi, application de topographie. Vous avez surement déjà vu dans la rue des géomètres avec de drôles d’appareils en train de faire des mesures. Bah là, c’est pareil. Le TP de la dernière fois était peu passionnant : plein de réglages à faire, long, et terminé à l’arrache et en dernier. Aujourd’hui, c’était sympa : il faisait beau, pas trop froid (critère important lorsqu’on est entièrement en extérieur) et fini une heure et demie avant les la fin des quatre heures prévues. Et quand c’est fini, on rentre chez nous.
En montant dans le train à la gare du nord, je ne m'attendais pas à voir mon prof de maths de seconde (qui faisait des colles en prépa où j’étais), celui que j’aimais bien. Je l’aborde, et nous discutons durant tout le trajet. Il donne aussi des cours dans l'école où je suis, mais juste aux admis sur titres, donc je ne l’avais jamais vu à l’école. Il fait aussi des colles à Paris, enseigne à des secondes et des terminales dans mon ancien lycée, fait les sujets de concours d’entrée aux grandes écoles, recrute des correcteurs, etc. Je lui demande s’il a le temps de faire tout ça, et il me dit que oui. Plus on en fait, plus on va vite. Et c’est sûr qu’avec son niveau, ça ne lui pose pas de difficultés. On parle de l’école, des cours de maths, de Muffin, de la prof de maths de spé : la Bretonne dont le passe temps favori est de tondre le gazon. Je crois qu’elle avait dit que cette année serait sa dernière avant la retraite, mais il me dit qu’elle avait dit ça plusieurs fois. Ca n’a pas l’air d’être le genre de personne qui peut facilement s’arrêter comme ça, ce que je m’étais déjà dit. En plus, explique-t-il (lui qui est aussi Breton), passer sa retraite en Bretagne, c’est quand même pas super, surtout quand c’est l’hiver. Paris et le quartier latin, c’est quand même mieux, convient-il.
Il descend une station avant la mienne. Je lui dit que je le reverrai sans doute lors du forum de mon ancien lycée, où je vais depuis deux ans. J’ai été content de le revoir, car il m’avait marqué quand j’étais en seconde.
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