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Journal désenchanté
19 septembre 2009

Les fleuves impassibles.

Comme je descendais des Fleuves impassibles,
Je ne me sentis plus guidé par les haleurs

Arthur Rimbaud, Le Bateau ivre


Cela fait maintenant plus d’un mois et demi que j’ai fini mon stage, et j’ai passé tout ce temps dans une sorte d’apathie, qui semble faire écho à celle qui l’avait précédé. Incapable de vraiment me motiver pour trouver quelque chose, j’avais fini par obtenir un stage dans une boîte de BTP, pour faire peu ou prou la même chose que l’année précédente, à savoir rien de bien intéressant. La perspective ne m’enchantait guère mais, faisant contre mauvaise fortune bon cœur, j’essayais de me persuader, malgré tout, que cela ferait l’affaire. Peine perdue. On faisait vaguement miroiter la perspective d’une embauche lors de l’entretien de stage, mais compte tenu de ma prestation et de la conjoncture actuelle, l’occasion ne se présenta évidemment pas, ce qui, chose peut-être inattendue, me soulagea grandement. 

Depuis lors, comme paralysé par les nouvelles perspectives qui s’offrent (ou pas) à moi, je suis resté là sans rien faire, me disant tous les jours que je devais continuer à rédiger mon rapport, sans jamais parvenir à le faire. J’ai juste acheté un nouveau home-cinema, vendu des DVD sur le web, perdu du temps devant Internet, à ne rien faire, à réfléchir à des tas de trucs plus ou moins utiles sur moi, la vie et le monde, sans jamais parvenir à ce que cela débouche sur quoi que ce soit de concret. Je crois ne pas être sorti de chez moi depuis une semaine, n’ai vu presque personne. Même ma mère ne me voit et ne me parle plus depuis quelque temps, alors que nous habitons dans la même maison. C’est l’avantage d’une maison à étages, me direz-vous, le fait de pouvoir vivre chacun de son côté sans se croiser.
J’ai récupéré du temps de sommeil mais reste fatigué, dors neuf heures par nuit, fait tout en décalage de deux heures par rapport au rythme habituel, mets un temps infini pour faire la moindre chose.

J’ai l’impression que mon stage s’est terminé il y a des années, qu’il a commencé il y a de cela des décennies ; quand aux souvenirs de l’école, ils remontent à encore plus loin, comme si je n’avais pas été là, comme si tout cela faisait partie d’un autre temps, d’un autre monde. Je ne suis tout simplement pas là.
Je reste persuadé tous les jours que j’arriverai à me mettre au travail le lendemain. Oui, je sais, il y a quelque chose qui ne tourne pas rond...

Le monde se divise en deux : ceux qui font plein de choses sans se poser de questions, et ceux qui s’en posent plein et ne font rien. Vous aurez compris celle à laquelle j’appartiens, bien que ne m’étant pas posé les bonnes questions assez tôt, d’où mon désarroi. J’y reviendrai plus tard…


Kicking_and_Screaming

Pour finir sur une autre touche, j’ai revu récemment en DVD un film que j’aime beaucoup, Kicking and Screaming de Noah Baumbach. En plus, je me retrouve un peu dans le sujet, celui d’une bande d’étudiants, qui, après avoir obtenu leur diplôme, sont incapables d’affronter le monde réel, et préfèrent rester sur leur campus, dans une sorte de vague ennui.   
Un film à petit budget (le premier de son réalisateur) qui n’est hélas jamais sorti en France et est disponible uniquement en DVD américain chez l’excellent éditeur Criterion.

Comme dans ses autres films tels que The Squid and the Whale et Margot at the Wedding, Baumbach a une façon touchante de représenter les relations entre les êtres, à travers des scènes douces amères, à l’humour décalé, ironique. Il s’en dégage quelque chose de profondément émouvant.

Ci-dessous, une scène du film, la dernière (qui en fait se situe chronologiquement précédemment car c’est un flash-back). Je ne sais pas si c’est vraiment représentatif du film mais je l’aime bien. C'est en VO pure (anglais), car de toute façon il n'existe pas de traduction de ce film.

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