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Journal désenchanté
21 avril 2007

Rien.

Vacances finies, cours repris, pont fait, projet d’info pas fait, révisions pas faites. Quelques amis de prépa revus, comme d’habitude. Tout, tout reprenait son cours machinal. Comment aurait-il pu en être autrement ? C’était bien ça le plus terrible, et surtout d’en prendre conscience. Temps de perdu, comme d’habitude, mais était-ce étonnant ? Où on se dit qu’on a plein de choses à faire et peu de temps, et où on perd du temps, et où on s’aperçoit, que finalement, on avait plus de temps de ça, et où on en perd encore plus.
Une compo de passée. Facile, presque rien à réviser. Critiquer, c’est ce que le prof d’environnement veut qu’on fasse. Moi j’aime bien, l’occasion de sortir l’ironie grinçante. Et je continue dans la fiche d’évaluation : « Ce prof savait rendre son cours intéressant, qualité hélas trop rare parmi les enseignants de cette école. » Il savait aussi insister sur le fait de penser par soi-même plutôt que d’apprendre du cours. Ca aussi, c’est rare. Plus que douze (compos). Et quelques projets, accessoirement.

Le copain de ma mère est revenu pendant les vacances. Je l’aime bien, ancien prof d’histoire du droit à la retraite, pas le genre à se prendre au sérieux, plutôt celui à ne jamais mettre de cravate et à chanter pendant ses cours. Ici, il a planté des pommes de terre, il arrache les affiches de Le Pen dans la rue, et il a mis une parabole pour que, pour la première fois depuis huit ans, on puisse capter que les sept chaînes hertziennes, et même pas en numérique. Il m’a aussi aidé (ainsi que ma mère) à construire le pont en archi. Scier des bouts de bois. Je ne suis pas du tout quelqu’un de manuel. Tout dans la tête (hélas ?). Alors là, je fais la conception, et je délègue aux autre une partie des tâches pratiques. Du vrai boulot d’ingénieur, en somme ! C’est à cela que ces travaux servent ? En cours, on n’a presque rien appris depuis un an. L’année a été tellement vide à tous points de vue... L’impression qu’on quittera tout ça sans aucun regret. Je regrette l’année dernière, je regrette l’été dernier. Vraiment. Vivement que tout soit fini.

Ah si, les Etats-Unis, ça se précise. De quoi avais-je besoin ? De plus de temps, d’un formulaire plus simple. Bingo. Où l’on découvre finalement que l’on s’est trompé de papier, et que celui à remplir et plus facile et moins long. Si tout était comme ça… Je pars deux mois et demi au pays du KFC. Toutes les vacances. Dans un restau, en plus... Trop long. J’aurais voulu moins, mais on joue Le Roi lion en ville, les clients vont arriver et le patron a besoin de renfort, voyez-vous. Et dire qu’avec un permis de conduire, j’aurais bossé dans une entreprise à faire quelque chose qui ressemble plus à un boulot d’ingénieur qu’à ce qui sera, au pire plongeur, au mieux « maitre d’ », comme on dit là-bas. Mais voilà, je me paie le luxe de refuser le boulot et de dire au type qui m’héberge (et que je ne connais pas) : « Trouvez-moi autre chose, please. » Et le pire, c’est qu’il le fait. Miracle, encore ! Mieux qu’en France où, sur une dizaine de demandes de stage, je n’ai eu que des lettres de refus (de ceux qui ont pris la peine de répondre). Je vois surtout dans tout ça un moyen de me débarrasser de l’obligation qui nous incombe de passer au moins cinq semaines hors de ce pays où, comme je m’en suis rendu compte finalement, je n’avais pas envie de faire de stage cette année, et surtout pas sur un chantier. Et là, je pars, ça tombe bien. Sauf s’il y a un problème avec le visa (peu probable), ou si l’avion s’écrase (encore moins probable). Et j’améliorerai mon anglais (parait qu’ils ont un sacré accent dans le Kentucky, c’est l’Américaine de l’organisme par lequel je dois passer qui me dit ça ; plus de sept cent euros de frais rien que pour les assurances et un papier pour le visa ; quant à l’ambassade, c’est quinze dollars le coup de fil si vous voulez parler à autre chose qu’à un robot, ou sinon par Internet, mais c’est pareil, faut payer pour prendre rendez-vous…)
Loin de tout, j’espère que cela va me faire du bien. Je pense que oui. Loin de ma mère, de la France, de l’école, de tous ces gens qui ne me manqueront pas. Mais de ce qui avait occupé mes pensées pendant si longtemps ? Ah là, ça serait vraiment bien, pour le coup.

Je repense à l’état dans lequel j’étais il y a une dizaine de jours. Celui dans lequel je vous souhaite de ne jamais être. Tellement, mais tellement mal… Pas beau à voir, enfin façon de parler, parce que justement, tout cela ne se voit pas. Toujours à cause de la même chose, qui agissait comme un miroir, révélateur des échecs, d’un horizon bouché, d’une vision de la vie d’un pessimisme sans nom. Pour ceux à qui tout cela paraîtrait sibyllin, j’expliquerai tout bientôt. Le pourquoi du comment. Tout est lié… C’était si absurde, finalement. Tout ça pour ça… Mais ma vie a changé.
Et comme d’habitude, tout a été mieux tout d'un coup : changement total, sans explication ! C’était toujours comme ça… Et maintenant ? Je n’en sais rien, mais ça pourrait replonger sans problème. Je le sens un peu, là, sans cesse au bord du gouffre. Epuisant, car on ne sait pas ce qu’on ressent. Et même quand mon appréciation du sujet était plus optimiste, il y avait de temps en temps ce petit pincement au cœur qui venait rappeler, implacable, que certaines choses ne nous quittent jamais.

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