"Boulevard du crépuscule" de Billy Wilder

Sunset Boulevard    (Etats-Unis, 1950)

Avec William Holden, Gloria Swanson, Erich von Stroheim
Ecrit par Charles Brackett & Billy Wilder & D.M. Marshman Jr.
Produit par Charles Brackett
Réalisé par Billy Wilder

C’est l’un des plus grands films de l’histoire du cinéma et sans doute la plus lucide et cruelle fable sur Hollywood, monde cynique de faux-semblants et d’illusions, qui forge des mythes pour mieux les laisser dans l’oubli.

Joe Gillis avait toujours voulu avoir une piscine. Hélas pour lui, c’est son cadavre qui finit par flotter dedans. Un peu cher payé… Le mort nous raconte son histoire. Scénariste de seconde catégorie criblé de dettes, il était tombé par hasard sur une villa délabrée de Sunset Boulevard, vide reflet d’une gloire passée. Celle de Norma Desmond, ancienne vedette du muet sur le déclin, qui continue à rêver de grandeur et pense faire un retour triomphal. « You used to be big. » remarque-t-il. « I am big. Répond-elle, hautaine. It's the pictures that got small. »
Image triste de ceux qui, incapables d’accepter la réalité, ne peuvent vivre que dans leurs rêves, jusqu’à la folie, se réfugiant dans un passé idéalisé, croyant que tout peut redevenir comme avant. A chaque fois, la terrible réalité contraste ironiquement avec cette mascarade ridicule, entretenue par l’hypocrisie. Par intérêt, le scénariste accepte de s’installer chez la diva, et se retrouve pris au piège. Il ne s’échappe de sa prison dorée que la nuit, quand il part écrire un scénario avec celle qu’il aime vraiment…
Quant les masques tombent, c’est tragique, forcément. Mais cela n’empêche pas le délire de continuer à prendre le pas sur la réalité dans un final incroyable où, alors que tout est perdu, le domestique, mari déchu, cinéaste brisé, qui n’a cessé de nourrir les illusions de l’ex-star, joue le jeu jusqu’au bout et la met en scène dans un ultime simulacre. En l’espace d’un instant halluciné d’une grandeur dérisoire, ils redeviennent ce qu’ils ne seront jamais plus. Bouleversant.