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Journal désenchanté
5 juin 2006

"Le Caïman" de Nanni Moretti

Il Camaino  (Italie, 2006)

Avec Silvio Orlando, Margherita Buy, Jasmine Trinca et Nanni Moretti

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Ca commence comme une comédie burlesque sur les déboires professionnels et privés d’un producteur de films de série Z : il est presque en faillite, essaie vaguement de financer un nanar sur Christophe Colomb et, comme si cela ne suffisait pas, il ne s’entend plus avec sa femme. Quand une cinéaste débutante lui propose un scénario qu’elle a écrit à propos de l’ascension d’un homme d’affaire louche intitulé Le Caïman, il accepte après l’avoir lu en diagonale. Ce n’est qu’après coup qu’il se rend compte que le scénario en question est une satire contre Silvio Berlusconi, le Président du Conseil. Tant pis, il se lance quand même. Mais qui va vouloir financer et jouer dans un film qui s’attaque à l’homme le plus puissant d’Italie ?

C’est alors que le film devient plus intéressant qu'une simple comédie, car il montre la transformation d’un homme ordinaire (caricature de l'Italien moyen qui vote pour Berlusconi), qui semble peu intéressé par quoi que ce soit, se contentant de faire sans ambition un travail médiocre (produire des navets) et qui va tout à coup s’impliquer dans un vrai projet qui a du sens. Peut-être que finalement, peu importe que son film se fasse ou pas, l’essentiel aura été la prise de conscience, d’autant plus qu’elle s’accompagne aussi d’un changement de sa vie personnelle, puisqu’il va devoir se séparer de sa femme.

On peut aussi voir, au-delà du côté comique produit par la description des films de série Z, une satire d’une certaine forme de cinéma (et par extension, d'une certaine mentalité) qui refuse de s’engager. Mais c’est également un film à charge contre Berlusconi (le film est sorti en Italie avant les dernières élections italiennes) : le mystère de l’origine de sa fortune immense (que le producteur s’imagine, en lisant le script, comme une grosse valise de billets tombant du ciel), ses provocations au Parlement Européen (images d’archives où l’on voit Berlusconi en personne traiter un député allemand de « kapo »), sont évoqués ; le point culminant arrivant à la fin, quand Nanni Moretti himself endosse le rôle du « caïman » et apparaît plus diabolique que jamais, sûr de lui, et finissant toujours par s’en sortir d’une façon ou d’une autre. Pas forcément optimiste, certes, mais qui conclue le film sur une note très forte et qui montre bien le point de vue de Moretti.

Si l’on met à part deux scènes juste un peu « lourdes » e et quelques aspects qui auraient gagné à être plus développés sur la fin, Le Caïman est une mise en abyme tout à fait réjouissante, un film d'auteur qui mélange habilement les genres. Ce qui rend d’autant plus regrettable son absence du palmarès cannois (il aurait mérité le prix du scénario).

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Commentaires
B
Arf, je sais, mais au moins, pour voir Le Caïman, j'ai fait un effort, je suis allé à St Gratient et pas à l'UGC ^^.<br /> <br /> En tout cas, ça fait plaisir d'avoir à nouveau un petit message de toi ici.<br /> Welcome back. <br /> ;)
N
ca a même pas vu Volver et ca parle ... ^^
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