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Journal désenchanté
1 mai 2010

Un peu de rien.

alain_finkielkrautIl faut à la pensée des compagnons invisibles, et l’enfant unique a une longue familiarité avec l’invisible. A ou plutôt avait… On mâche aujourd’hui le travail des enfants. Uniques ou pas, ils sont branchés, connectés sur le réseau. Nous n’étions branchés sur rien, nous avions droit au néant. On a, dans l’interminable liste des droits de l’homme et des droits de l’enfant, oublié ce droit fondamental. La machine a eu raison du néant : la machine, c’est-à-dire l’écran sous toutes ses formes et surtout le téléphone, dont je me demande s’il n’est pas en train de devenir l’invention la plus catastrophique des temps modernes. Tout le monde téléphone partout, tout le monde téléphone tout le temps. Les adolescents ont leur ligne et leur portable. Ils sont accaparés continuellement par leur monde. Il n’y a plus de brèche ou d’interstice par où pourrait s’engouffrer un peu de rien dans cette effrayante plénitude.

Alain Finkielkraut
(entretien avec Marie-Claude Tarnero-Pansart, revue Autrement n°186 : L’Enfant unique, la mauvaise réputation, 1999)

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