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Journal désenchanté
5 mars 2008

Mardi.

Rien de nouveau, ici. Depuis le début du second semestre, les cours sont plutôt à Paris qu’à Cachan. Certains élèves sont partis à l’étranger, d’autres sont arrivés. Il y en a qu’on ne voit presque jamais et j’ai encore l’impression, après deux ans, d’en découvrir certains : ah, tiens, il est dans ma classe, lui ? Je ne connais pas grand monde et je ne m’insère nulle part.
J’ai toujours sous le coude pas mal de journaux et de magazines, pour lire dans le train ou pendant les cours. Dans les amphis, la plupart des élèves lisent 20 Minutes et Métro, dont ils font les jeux ; ce qu'on entend le plus fréquemment, c'est des gens qui demandent les réponses des mots fléchés. Je déteste les mots fléchés, les sudokus, les journaux gratuits.
A la pause, c’est crêpes et jus de chaussette infâmes distribués par les « listeux », les gens de la campagne pour le BDE. Ils font des soi-disant animations ; une liste avait une sorte de mascotte, un castor (ou écureuil, je ne sais pas) géant, qui, je me le rappelle, était passé durant le cours distribuer du jus d’orange au prof de mécanique des structures. Il paraît qu’il s’est fait kidnapper (l’écureuil, pas le prof) par des gens d’une liste adverse. De toute façon, en deuxième année, peu de monde semble prêter attention à tout ça.

Le prof d’anglais n’est jamais là. Quand il est absent, il faut aller dans le groupe d’à côté, chez le prof de l’année dernière : un mélange d’idées vaguement réactionnaires, d’humour un peu beauf mais assez de bonne humeur pour donner l’impression qu’il fait cours à des enfants de la maternelle. Il meuble en parlant de n’importe quoi. La dernière fois, pour introduire un texte sans intérêt sur le suicide des ados, il a commencé par demander à chacun d’évoquer ses souvenirs à propos des déconnades de collège ; je vous passe les détails. Mais le pire, c’est quand il diffuse des épisodes de Coupling. Pour ceux qui auraient la chance de ne pas connaître, c’est un sitcom, genre Friends, mais anglais et avec, bien sûr, des rires enregistrés. Bref, c’est naze. Je déteste les rires enregistrés.
Heureusement que le prof de cet année relève un peu le niveau : il ne fait strictement rien non plus, mais au moins il passe de bon films, comme Annie Hall. Et Annie Hall, c’est le contraire de Coupling, c'est-à-dire drôle, intelligent, avec de vraies idées de mise en scène. Il y a même un passage dans lequel Woody Allen démolit les sitcoms qui ont des rires enregistrés ; j’étais ravi. Le prof nous a dit qu’au cours de la prochaine séance, le thème serait « l’amour », et je n’ai pas compris de quoi il voulait parler mais il n’est bien sûr pas venu à ladite séance.

J’ai aussi trouvé un stage, à ma grande surprise. Une PME qui avait l’air plutôt sympa, en tout cas plus que dans les entreprises où ils disent « On vous rappellera » alors qu’ils ne le font jamais. J’ai enfin signé ; j’étais si étonné d’avoir réussi quelque chose que je n’en revenais pas de voir à quel point cela avait finalement été simple.

S’il y a un truc que j’aime bien à Paris, c’est que si on veut aller au ciné, le choix est plutôt large, y compris en reprises. Vu aujourd’hui : Bande à part, de Jean-Luc Godard (France, 1964). Deux escrocs à la petite semaine qui aiment les séries B américaines, en virée avec une fille un peu bébête… Une histoire faite de petits riens, des cadrages inattendus, un narrateur (Godard himself) qui raconte le film comme dans un roman, sans qu’on sache ce que ça vient faire là. Film drôle, pétillant, voire tragique et touchant, aussi. Avec sa volonté de bousculer les codes établis, le cinéaste porte un regard attachant sur ses personnages. Il les filme comme ils sont : à l’instinct, s’amusant, faisant semblant de se ficher de tout.

Bande___part

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